David Immobilier
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"Un appartement Haussmanien : qu'est ce que c'est ?"
 
01/12/2021

Un appartement Haussmanien : qu'est ce que c'est ?

Un appartement haussmannien est une résidence parisienne de standing typique du XIXe siècle. Plus de 60 % des immeubles sont conçus dans ce style et respectent des critères très caractéristiques : façade du bâtiment, balcons, enfilade des pièces, cheminées, parquets et moulures...

Les façades en pierre

Les immeubles haussmanniens sont identifiables grâce à leur façade en pierre de taille. Elles symbolisent la qualité car, au 19e siècle les autres biens avaient des façades plâtrées.

 

 

Les balcons filants

Les balcons situés au 2e et au 5e étage sont historiquement réservés à la haute société. Le rez-de-chaussée est réservé au commerce, c’est la raison pour laquelle ils sont constitués de hauts plafonds. Les troisième et quatrième étages sont plus élémentaires, avec des balcons modestes. Le dernier étage était le plus souvent réservé aux domestiques, avec les chambres de bonnes.

Il faut noter que les structures haussmanniennes peuvent comporter des balcons filants ou des petits balcons à tous les étages à partir de l’année 1880 environ. Chaque structure haussmannienne est unique, avec ou sans bossage, et comporte parfois des portes cochères (portes d'entrée suffisamment hautes pour le passage d'un cocher) constituées de saillies qui montent jusqu'au deuxième étage.

Les étages

La réglementation de l’époque autorisait ou non la construction de bâtiments de plus de 4 étages, c'est pour cette raison que les immeubles haussmanniens peuvent être de différentes tailles : 4, 5, voir 6 étages, tout dépend de leur emplacement.

L’enfilade des pièces

Un appartement haussmannien est également identifiable à l’aide de ses fenêtres sur rue qui sont généralement situées dans le salon, à proximité des autres pièces. De nos jours, certains appartements sont ré agencés, mais le salon a gardé ce trait caractéristique.

 

Les parquets, les moulures et les cheminées

Les appartements haussmanniens sont pourvus d’éléments décoratifs emblématiques : les parquets, les moulures et les cheminées. Ceux-ci sont généralement conservés, rénovés, parfois remplacés à l’identique pour conserver le charme des appartements.

 

Un appartement haussmannien modernisé avec succès

 


Voici un exemple d'appartement haussmannien comme il en existe des centaines dans la capitale. Cette photo de Marie Claire, nous montre toute la beauté de l'appartement haussmanien modernisé avec brio.

Grand, lumineux, avec moulures et parquet d’origine entre autres. Les détails classiques d’un genre indémodable mondialement reconnu. Il faut néanmoins savoir les dépoussiérer, les sublimer et exploiter ces détails pour profiter pleinement de ce style.

Quand un couple de trentenaires visite cette adresse située dans le XI arrondissement de Paris, il sait parfaitement qu’il fait une heureuse découverte. L’appartement de leur rêve a beau être dépassé depuis des années, ils sauront lui donner une seconde jeunesse. Même si l'entretetien laisse à désirer, l'endroit comprend les éléments d'un appartement haussmannien plein de charme : une belle hauteur sous plafond, des moulures circulaires exceptionnelles dans le salon, deux magnifiques cheminées... Quant à la distribution des pièces, les nouveaux propriétaires savent que bien accompagnés, ils peuvent complètement réécrire ce lieu de vie et le moderniser. Pour cette transformation, ils font appel à l'équipe de LittleWorker, une entreprise de conception-rénovation spécialisée dans les appartements de grande ville. Grâce à cette jeune entreprise dynamique et ses nombreux talents, ils peuvent métamorphoser leur premier achat en un appartement de rêve, tout en se déchargeant de la complexité des travaux [...]Lire la suite

 

L’impact du Baron Haussmann sur l’urbanisation de Paris

Pour bien comprendre le développement de la ville de Paris et l'impact du Baron Haussmann sur l'urbanisation actuelle, nous vous recommandons de visionner ce reportage RMC découverte.
L'émission "Des Racines et des Ailes" s'est aussi intéressée au sujet :

 

L’idée de l’urbanisation

Paris ne serait pas la ville lumière sans ses sublimes monuments, ses avenues colossales et ses magnifiques immeubles. Paris ne serait pas non plus la première destination touristique mondiale sans son tissu urbain unique. Sa révolution elle la doit à deux hommes, l'empereur napoléon III et son bras droit le préfet Haussmann. IL était vu comme un destructeur on l'appelait l'Attila alsaciens qui débarque tel un barbare pour construire cette ville nouvelle et fonctionnelle. C'est le baron qui a métamorphosé la capitale française grâce à des travaux gigantesques entre 1853 et 1870 selon un plan méthodique pour décloisonner la ville ; 63 km de voies nouvelles, 40000 immeubles. Détruire des milliers de bâtiments en reconstruire de nouveaux, créer de nouvelles artères est une entreprise absolument fascinante comparable à aucune autre. Le Paris haussmannien ce sont aussi deux nouveaux monuments prestigieux, les rois de ces nouvelles artères qui indiquent non seulement une direction, mais aussi l'étendue de la percée et rajoute une espèce de majesté en donnant une idée de sa longueur. L'aménagement de près de 2000 hectares d'espaces verts, la construction de 600 km d'aqueduc et de 380 km d'égouts pour sauver la capitale de son hygiène déplorable. Tout cela réalisé par une masse humaine fantastique qui va effectuer un travail colossal.

 

Ce chantier aura néanmoins un prix, des classes défavorisées souvent contraintes à l'exil, des ouvriers morts pour embellir Paris.

Voici l'épopée exceptionnelle et controversée des grands travaux du baron Haussmann, l'histoire du plus grand chantier du 19e siècle

Détruire pour reconstruire

Paris vu du ciel, des grandes avenues des immeubles élégants. Pour que ce spectacle grandiose puisse voir le jour, Haussmann a démoli plus de 20 000 maisons et multiplié par deux la largeur moyenne des voies parisiennes qui sont passées de 12 à 24 m. Comment imaginer qu'il y a 170 ans, avant Haussmann et napoléon III, la ville lumière ressemblait à un véritable dédale, un cloaque. Au milieu du 19e siècle Paris est encore une ville moyenâgeuse avec ses ruelles étroites et ses logements vétustes.

Pour guérir paris il faut l'opérer en plein cœur et c'est à Louis Napoléon Bonaparte que va incomber cette tâche démesurée. Paris en ce milieu de dix-neuvième siècle souffre d'un cruel retard comparé à Londres et à New York où il a séjourné. Pour cet homme animé par l'idée de progrès, cela doit changer et vite. Il avait en tête un programme de grands travaux qui permettrait à la fois d'employer des ouvriers, d'améliorer la qualité de vie de la population mais aussi de stimuler la croissance économique. Il y a une anecdote extraordinaire, lorsqu'il se présente à l'élection, il arrive à paris avec un plan de la ville sous le bras et lorsqu'il l'ouvre, apparaissent de grosses lignes de couleurs, des coups de sabre tracé en plein cœur de la ville comme Zola l'écrira plus tard, il a donc déjà une grande idée en tête.

Élu président de la République en 1848 il veut créer un réseau de nouvelles artères large et lumineuse dans la capitale à l'image de l'œuvre laissée par son oncle napoléon 1er qui a régné entre 1799 et 1815. Entre la place de la Concorde et le Louvre, l’empereur a ouvert le premier tronçon de la rue de Rivoli, une grande artère rectiligne longue de 900 mètres, un puissant ventilateur qui apporte la vie dans Paris. Ces nouvelles voies que louis napoléon Bonaparte imagine devront elles aussi être large et leurs immeubles devront respecter un alignement stricte mais créer ces nouveaux boulevards, ces nouvelles avenues ont prix.

Il faudra percer, détruire et reconstruire en plein cœur de la capitale, pour cela il faut exproprier massivement tous les propriétaires des parcelles que recouvre le tracé de cet avenue. Paris va devoir attendre un coup d'état, le 2 décembre 1851 Louis Napoléon Bonaparte s'accapare de force les pleins pouvoirs, quelques mois plus tard en mars 1852 il fait voter une loi autoritaire, elle permet d'exproprier des maisons pour cause d'utilité publique, du jamais vu dans l'histoire de paris. Reste à trouver le candidat idéal pour mener à bien ce chantier colossal, cet homme clé sera un préfet ; Parisien d'origine il a fait toute sa carrière au service de l'État, son nom, Georges Eugène Haussmann. Lorsque napoléon III le nomme à la tête de la capitale au mois de juin 1853. Il a 44 ans et déjà une certaine et de l'urbanisme.

Haussmann a été préfet de gironde, il a vécu à Bordeaux où l'on trouve des grandes avenues claires, où la proportion entre la largeur des voies et la hauteur des immeubles qu'il aborde est harmonieux. C'est avec l'idée que Paris pourrait ressembler à Bordeaux qu'il prend en main la préfecture de la Seine. Comment décloisonner au mieux la capitale ? Haussmann va s'appuyer sur le plan de la commission Siméon créée par napoléon III, le réseau d'artères qu'elle propose vise à relier les gares entre elles, 6 tout juste construite à l'image de la gare de l'est inaugurée en 1849. Toutes ces gares sont des têtes de ligne qui vont vers le nord, vers le sud-est, vers l'est et l'ouest.

La jonction des gares est alors une des préoccupations majeures de la grande formation de Paris. Les grands travaux d’Haussmann commencent dès sa prise de poste en juin 1853. Il hérite du prolongement sur deux kilomètres de la rue de Rivoli amorcé par Napoléon I. L'objectif, créer un grand axe est-ouest, d'autre part il doit percer un axe nord-sud : le boulevard de Sébastopol qui fera la jonction avec la gare de l'est et sera prolongée rive gauche par le boulevard Saint-Michel. Le résultat ? Une grande croisée qui permettra de distribuer les flux dans l'ensemble de la ville, ce premier réseau sera la pièce maîtresse du dispositif. 

Les maisons du vieux Paris, Haussmann veut les remplacer par des immeubles, ce que la postérité qualifiera d'Haussmannien.

Cela fait alors plusieurs décennies que l'on en construit dans la capitale, Haussmann ne les as donc pas inventé, mais il veut en faire les rois de ces nouvelles artères, les systématiser.

Il y a vraiment l'idée que c'est cette répétition très homogène des immeubles qui vient constituer le paysage de la ville moderne Hausmannienne. Ces immeubles devront tous être alignés, si leur style restera libre, le préfet va leur imposer certaines règles : au rez de chaussée, on y trouvera des commerces surmontés d'un entresol, à l'étage dit noble, le deuxième, Hausmann va exiger la présence d'un balcon filant dont l'existence ne doit rien au hasard. Les immeubles doivent se construire sur la ligne d'alignement et cette platitude est tempérée par ces balcons qui apportent de la monumentalité architecturale comme des grandes fenêtres comme à l'époque classique, comme dans les châteaux.

Le dernier étage sous combles aura lui aussi un balcon, il vient habiller une autre caractéristique haussmannienne : le retrait de ce dernier étage par rapport au reste de la façade. l'étage sous combles doit être en retrait de la façade des quatre étages inférieurs pour une raison très simple, créer une oblique qui permettra au soleil de pénétrer le plus profondément possible. L'idée majeure est de faire circuler l'air : largeur des voies ; et de faire entrer la lumière : hauteur des façades.

La préparation de l'exposition universelle

Haussmann devra aller très vite pour faire sortir de terre ces nouveaux immeubles car napoléon III prévoit d'accueillir deux ans plus tard en 1855 un événement majeur, l'exposition universelle dont le nouveau paris sera le clou du spectacle. Pouvoir accueillir les monarques du monde entier, et que leur hôte soit le nouvel empereur de France était d'une importance extraordinaire pour asseoir la légitimité du régime dans son ensemble. Le monde entier vient à Paris et cela fait partie de l'importance de ce projet.

En 1853, rue de Rivoli les centaines d'ouvriers embauchés par la ville travaillent jour et nuit pour percer la rue, mais aussi libérer l'enceinte du Louvre des maisons insalubres qui ont poussé comme des verrues au fil des siècles. Sur ces chantiers, pas de machines, pas de grue, le vieux Paris est abattu à coups de pioche. La méthode utilisée par les ouvriers est élémentaire, on commence par le haut et on termine par le bas, à l'ancienne. A bien des égards la reconstruction de la ville a été faite à la main, Paris avait besoin de beaucoup d'ouvriers pour démolir la quantité phénoménale de travail. Napoléon III est très clair, les grands travaux de Paris doivent aussi profiter aux classes laborieuses.

Sur le tronçon final de la rue de Rivoli, le préfet Haussmann va faire face à un obstacle inattendu.

Au pied d'un monument médiéval, la tour Saint-Jacques, c'est une petite butte cachée, sous un des quartiers les plus denses du vieux Paris. Il va falloir soit aplanir la rue de Rivoli, soit accepter qu'il y ait un dos d'âne au milieu de cette rue. Le dos d'âne tuerait néanmoins la perspective voulue par Haussmann, en plus de ça on se déplace moyen de la traction animale et pour un animal il est compliqué d'escalader une butte, il est encore plus compliqué de la descendre.

Haussmann n'a pas le choix, pour sauver la percée il faut aplanir la rue mais en réglant ce problème il en crée un autre, désormais c'est tout un quartier qui se retrouve au-dessus du niveau du nouvel axe. Seule solution : le raser et reconstruire.

Cela conduit à exproprier les parcelles adjacentes, indemniser les propriétaires et tout simplement démolir et reconstruire. Cela a provoqué une grosse augmentation du budget. Outre les immeubles à démolir, un socle en maçonnerie est rajouté à la tour Saint-Jacques à partir de ces fondations pour la mettre au niveau de la nouvelle artère. Coût total, 30 millions de francs contre les 18 millions initialement prévus. Réitérer cet incident ailleurs serait désastreux pour les finances de la ville alors que l'origine du problème semble évidente. Il y a des plans de la ville, mais ces plans ne tiennent pas compte de la topographie.

Haussmann va donc faire réaliser une carte ultra précises de la ville grâce à la méthode de la triangulation,une technique connue depuis l'antiquité mais encore jamais utilisée pour cartographier Paris. Les topographes vont travailler par séries de trois points. Ils vont d'abord mesurer au sol la distance qui sépare deux d'entre eux, une fois cette distance connue ils vont prendre de la hauteur pour mesurer les angles qui sépare ces deux points du troisième. Grâce à un calcul trigonométrique, ils sont ainsi en mesure de déterminer la distance qui les séparent du troisième point, et donc de le positionner avec exactitude sur une carte.

Deuxième étape, les topographes complète la triangulation par des mesures de niveau, une opération simple réalisée à l'aide de lunettes et de mire graduées. Le résultat : le premier plan de Paris qui permet d'apprécier la ville en trois dimensions grâce à des indications de niveau reportées en rouge sur le plan d'Haussmann. Il sera son arme pour mener à bien les grands travaux.

Les frères Pereire et les Immeubles

Haussmann a développé une méthode qu'on utilise encore aujourd'hui certes de manière plus développée, mais qui montre que pour ces projets d'urbanisme à grande échelle, il est impératif de faire ce travail de fond d' analyse du terrain et de sa configuration avant de se lancer. Haussmann progresse mais moins d'un an après sa prise de fonction, il fait face à un autre problème : l'État ne finance pas toutes les constructions.

Il doit donc trouver des promoteurs prêts à mettre la main à la poche pour construire ces nouveaux immeubles et le moins que l'on puisse dire c'est que ça ne se bouscule pas. Haussmann va dès lors se tourner vers deux étoiles montantes de la finance française, les frères Emile et Isaac Pereire.

Les frères Pereire sont des personnages fascinants,  ils sont arrivés à paris pauvres, ils ont mis en place la première ligne de chemin de fer de la région parisienne et à partir de là ils se sont constitué une véritable fortune. Contrairement aux banques traditionnelles, leur banque le crédit mobilier est cotée à la bourse de Paris ce qui permet aux frères Pereire d'augmenter considérablement l'argent qu'ils ont à leur disposition, une manne financière qui leur sert de levier pour négocier avec Haussmann.

Les frères Pereire achetaient d'abord un énorme morceau de terrain il s'occupaient ensuite de le développer en y construisant des immeubles à l'aide de l'argent levé en bourse. Enfin il les revendait à des investisseurs. Grâce à l'argent des frères Pereire, ouvriers et échafaudages transforment le cœur de Paris en un gigantesque chantier de construction. Étages après étages, les premiers immeubles de la rue de Rivoli sortent de terre. Les parisiens les reconnaissent facilement grâce à leurs façades obligatoirement bâties en pierre de taille. La pierre à Paris à une couleur beige clair très caractéristique, c'est la pierre calcaire ce qui va contribuer à donner par sa couleur,  cette uniformité à Paris, cette blondeur très caractéristique. Les toits de ces nouveaux immeubles doivent respecter un angle de 45 degrés les parisiens y découvrent l'emploi en masse d'un nouveau matériau qui va faire des toits de Paris une véritable légende : le zinc. Ce matériau permet de s'accommoder des angles, du profil des immeubles, c'est un matériau de couverture très efficace, durable qui va donner cet effet de gris et blanc en harmonie avec les pierres de taille tout à fait caractéristique de l'image visuelle du Paris haussmannien. Les travaux de la rue de Rivoli, l'artère capitale du premier réseau qui rendra tout le reste possible annonce une métamorphose totale de Paris mais à quel prix ?

En 1855 après trois ans de chantier et la destruction de plusieurs centaines de maisons, les immeubles de la rue de Rivoli sont enfin sortis de terre, à temps pour l'exposition universelle. Le monde entier découvre une artère qui s'étend désormais sur plus de trois kilomètres, du jamais vu. C'est la succession des immeubles avec leurs balcons filants au même étage 2e et 5e, et le retrait sous combles au même étage, le cinquième, qui va créer un effet de perspective absolument hallucinant pour le peuple.

Cette rue, les parisiens se pressent pour la voir, l'arpenter et y circuler. Elle leur offre bien plus qu'un spectacle, il faut imaginer l'incrédulité des gens quand la rue de Rivoli a été ouverte pour la première fois, pouvoir traverser la ville de la place de la concorde jusqu'à la place de la bastille en seulement quelques minutes sans s'arrêter sur une énorme artère plate et large, c'était juste inconcevable à l'époque.

Si les boulevards de Sébastopol et saint Michel sont encore en travaux, l'achèvement du premier réseau n'est désormais plus qu'une question de temps. La réussite est d'ores et déjà incontestable pour l'empereur, comme pour Haussmann et ce n'est qu'un début.

 

Les Halles centrales

En ce milieu d'année 1850 Haussmann à une autre opération en cours, elle vise à soigner un organe vital pour la capitale. A quelques encablures de la grande croisé : l'église Saint-Eustache

C'est à ses pieds que s'est installé depuis le XIIème siècle, un véritable capharnaüm alimentaire.

Pour Napoléon III qui cultive son image de despote soucieux du peuple, il est urgent de les remplacer par une infrastructure fonctionnelle symbole de modernité. Au début des années 1850 c'est à l'architecte de la ville Victor Baltard qu'a été confiée la tâche de les remplacer.

En 1852 un premier pavillon de sa création est sorti de terre. Mais avec son architecture imposante en pierre de taille, les parisiens ont tôt fait de le surnommer le fort des halles, Napoléon III comprend que ce projet ne plaît pas, il dessine donc un croquis à Haussmann, convoquée par le préfet en 1853 Baltard doit livrer un nouveau projet et cela en un temps record pour déclencher ce chantier crucial au plus vite.

Il y parviendra avec brio, ces pavillons hauts de 24 mètres répondent tous aux mêmes modèles : en sous-sol de vastes caves qui permettent de stocker les aliments ou encore d'affiner les fromages, en surface des clôtures en briques et en lamelles de persiennes afin de faire circuler l'air. Le verre permet de faire entrer la lumière tandis que l'ensemble est soutenu par une structure en fonte et en fer aussi vaste qu'aérienne. Le métal permet de remplacer des murs, des poteaux en pierre relativement épais, donc de libérer de l'espace, de la lumière qui va passer à l'intérieur et en associant ces poteaux en fonte qui résiste bien mieux à la compression qu’un piliers en pierre, en l'associant avec des charpentes en fer et avec des éléments en verre, qu'on sait aussi commencer à produire de manière industrielle on va couvrir de grands espaces avec peu de points d'appuis, une légèreté et une transparence qui sont les atouts  visuels et architecturaux.

Grâce au métal, les halles centrales pourront couvrir un espace de 40 000 mètres carrés.

Démarré en 1853 ce chantier s'impose rapidement comme le plus important de Paris outre les 90 milles mètres cubes de terre fouillés et enlevés, ils engloutira 600 tonnes de fonte, 700 tonnes de fer, 18 000 mètres cubes de béton mais aussi 1 800 000 briques sur les douze pavillons huit ont déjà vu le jour en 1857, les autres seront achevées plus tard. Sous la plume de l'écrivain Émile Zola, les halles deviendront le ventre de Paris, "elles apparurent comme une machine moderne, hors de toute mesure destinée à la digestion d'un peuple, gigantesque ventre de métal boulonné rivé fait de bois de verre et de fonte d'une élégance et d'une puissance de moteur mécanique".

Pour Haussmann ces halles centrales posent un autre problème : les aliments les denrées sont acheminés par charroi, il faut donc  imaginer un flux entrant et un flux sortant. Symbole du renouveau de Paris, les halles centrales deviendront un mythe, une légende qui appartient désormais au passé.

En 1969 décision est prise de les déménager en périphérie de Paris à Rungis, le chef-d’œuvre de métal signé Victor Baltard sera démoli.

Le deuxième réseau

En 1858, l'hôtel de ville de paris est en ébullition, Haussmann vient de faire approuver une nouvelle série de travaux dantesque.

Rive gauche, il s'apprête à ouvrir plusieurs nouvelles artères majeures, rive droite, il poursuit le désenclavement des gares et créé de nouveaux nœuds de connexion, Paris est dans ses bras. C'est ce qu'on appelle le deuxième réseau.

A partir du moment où vous créez cette grande croisée de Paris, vous pouvez par des voies secondaires desservir soit des quartiers très densément peuplés mais qui ne sont pas reliés au centre de la ville soit créer des quartiers neufs qu'il va falloir brancher au cœur de la ville. Afin de financer ce deuxième réseau qui va permettre d'intégrer le reste de la ville, Haussmann endette la municipalité à hauteur de 180 millions de francs, une véritable fortune. Malgré ce coup financier, les choses vont changer Paris deviendra une ville désirable ce qui provoquera une hausse des prix de l'immobilier et cela va générer des ressources qui permettront à la ville de se développer davantage. Napoléon III et Haussmann préparent en outre une révolution, l'annexion par Paris du territoire qui sépare la ville de ses fortifications et qui constitue encore sa frontière actuelle. D'un trait de plume, la superficie de la capitale doublera tandis que sa population va passer de 1 à 1,7 million d'habitants.

Les Monuments

Avec le deuxième réseau dont les travaux démarrent en 1858 c'est toute la physionomie de la capitale qui va être bouleversée, mais comment rendre cette nouvelle ville compréhensible pour les parisiens ? Comment les aider à s'y repérer ?

La réponse d’Haussmann : les monuments ! Vieux ou neufs ils deviennent des cibles que les nouvelles artères doivent viser. Le plus emblématique d'entre eux sera l'opéra de Paris, un colosse de 173 mètres de long sur 125 mètres de large.

L'église Saint-Augustin

Les monuments cibles vont devenir l'une des véritables obsessions d’Haussmann, il lui en faudra partout, même là où c'est impossible... En témoigne le dôme du tribunal de commerce sur l'île de la cité que Haussmann a fait déplacer sur plan. Haussmann l'a fait précisément décalé sur la droite, pour qu'il soit dans l'axe du boulevard Sébastopol et qu'il crée un effet de mire, de cible. Si cela va parfois trop loin, la monumentalisation de l'espace parisien accouchera de véritables prouesses architecturales, à l'image de l'église Saint-Augustin, souvent négligée par les parisiens, elle abrite pourtant le plus grand dôme de paris : 26 m de diamètre qui culmine à près de 80 mètres de hauteur. Plus qu'une église, Saint Augustin est une prouesse technique, œuvre de l'architecte Victor Baltard elle doit son existence au prolongement du boulevard Malesherbes, un boulevard qu'Haussmann veut diviser en deux branches pour desservir de nouveaux quartiers.

Le résultat, une fourche qui va créer un vide... Cela a été vu comme l'occasion de prendre une imperfection pour en faire quelque chose d'extraordinaire. Si l'idée de la deuxième branche finira par être abandonnée à cause du relief, Haussmann l'ignore et le chantier de l'église est déclenché en 1860. Napoléon III envisagerait même d'en faire sa tombe, un mausolée à sa gloire de Bonaparte, elle devra donc être monumentale, visible de tout Paris, et arboré d'un dôme. Car qui dit mausolée dit Saint-Pierre de Rome, la basilique tombeaux des apôtres Saint Pierre et Saint Paul et son imposant dôme. S'il sait qu'il ne pourra pas faire plus imposant, Victor Baltard sait qu'il ne pourra pas non plus échapper à la comparaison, seul problème mais problème de taille, l'angle du boulevard Malesherbes ce n'est pas le Vatican...

Malgré toutes les complications de terrain auxquelles Baltard devra faire face, il va répondre à ces enjeux à l'aide d'une architecture unique. Au cœur du dispositif une gigantesque halle de métal au sommet d’arche en acier résistante à la tension qui décharge tout le poids de l'ouvragé sur des colonnes en fonte un alliage de fer et de carbone particulièrement résistant à la force de compression. Il utilise le métal pour prendre de la hauteur, dégager du volume des effets de lumière et pour créer un espace remarquable. Cette halle en métal invisible de l'extérieur s'impose comme la colonne vertébrale de l'ouvrage elle permet de créer et de supporter un volume imposant avec très peu de matériaux et dans le rôle de la peau de l'édifice la pierre qui lui confère un caractère solennel et impérial. Baltard crée une œuvre de génie parce qu'elle est une œuvre mix hybride exploitant au maximum les atouts techniques de son époque Baltard utilise le même système de colonne en fonte pour porter l'imposant dôme.

Afin de le rendre le plus léger possible sans perdre en solidité, sa structure sera intégralement réalisée elle aussi en métal. Contrairement à un dôme maçonné, le dôme de Saint-Augustin ne provoque aucune poussée, il est structurellement autonome comme posé sur l'édifice.

Initiés en 1860, les travaux de l'église Saint-Augustin s'achèvent après la chute de l'empire en 1870. Grâce à son dôme de 26 m de diamètre, Saint-Augustin domine l'horizon parisien, tandis que depuis la rue, l'église agit comme un point de repère.

Si Saint-Augustin ne deviendra jamais le mausolée de Napoléon III, empereur déchu mort en Grande-Bretagne en 1873, l'église s'impose comme l'une des plus belles réussites techniques de Victor Baltard.

L'Arc de Triomphe

Parmi ces monuments cible l'un d'eux sera à l'origine de la plus imposante réalisation du deuxième réseau la place de l'étoile, berceau de l'Arc de Triomphe un colosse de 50 mètres de hauteur.

Commandé par Napoléon I pour célébrer l'immense victoire d’Austerlitz en 1805, il a été achevé en 1836.

Depuis le premier empire aucun aménagement ou presque n'a été réalisé autour. Bonapartiste convaincu, Haussmann entend offrir à ce chef-d’œuvre de pierres l'écrin qu'il mérite.

Haussmann va créer une place à douze branches, avec 12 avenues rayonnantes, comme si Paris étendait ses bras. Un monument, douze cibles la place de l'étoile va s'imposer comme la rotule qui structurent tous les beaux quartiers de l'ouest parisien.

Outre ces 12 avenues, le monument sera mis en valeur par 12 immeubles de seulement trois étages dessinés par l'architecte Hittorf, ils s'inscrivent en retrait pour mieux valoriser l'immense arc de triomphe. Au sol Haussmann fait planter de nombreux arbres, ils donneront du volume à cette place monumentale.

Jusqu'à l'époque d’Haussmann la place, c'est un lieu de rencontre, c'est le théâtre de cérémonies de festivités, c'est le théâtre de la mise en scène du pouvoir. La place haussmannienne n'à rien tout ça, c'est un carrefour,  un nœud de communication, on y circule.

À cette ville qui s'étend de plus en plus loin de plus en plus vite, Haussmann veut donner une unité, ce sera le rôle avant-gardiste du mobilier urbain, si évident aujourd'hui qu'il en devient invisible. Tout y passe, des bancs aux réverbères jusqu'aux grilles du réseau d'arbres qui parsèment désormais la ville. A l'époque Paris avait un département d'architectes et de designers qui s'occupaient eux-mêmes de la conception et cela a eu un impact énorme. De quelques quartiers que l'on vienne d'où que l'on se trouve ce mobilier urbain était identique. Le génie d’Haussmann c'est ça, c'est d'avoir conçu la ville une, et indivisible c'est un ensemble intrinsèque. 

L'Île de la cité

Avant d'achever le deuxième réseau et de se tourner définitivement vers le nouveau Paris Haussmann a tout de même un dernier compte à régler avec la vieille ville. Entre l'île de la cité berceau historique de la capitale et le préfet, c'est même une affaire personnelle qui remonte à ses années d'étudiant lorsqu'il l'a traversait quotidiennement pour se rendre à la faculté de droit.

Au cours des années 1860 Haussmann rase la quasi-intégralité de l'île, à l'exception de ses monuments, il en fait un centre administratif avec sa préfecture de police, son tribunal de commerce et son palais de justice flambant neuf.

La surface du parvis de Notre-Dame est multipliée par six afin de valoriser le monument en cours de restauration depuis 1844 par l'architecte Viollet le duc, c'est lui qui rend au monument sa flèche de bois et de plomb en 1868. Celle qui sera détruite lors de l'incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019. Un peu plus loin Haussmann abbat tout un quartier afin de reconstruire l’hôtel-Dieu hôpital historique du centre de paris également démoli. Au total près de 10 000 habitants seront expropriés et expulsés de Lille, les Parisiens qui avaient accueilli à bras ouverts les grands travaux sont désormais sous le choc. Il était vu comme un destructeur, il débarquait tel un barbare détruisant tout sur son passage, sans aucun sens de l'histoire pour construire cette ville nouvelle et fonctionnelle.

Destructeur pour les uns, modernisateur pour les autres, l'île de la cité incarne l'aspect le plus controversé des grands travaux de Paris.

Le boulevard Richard Lenoir

Si Haussmann construit une ville lumière, les travaux du deuxième réseau ont eux aussi un côté obscur, à l'image de la voûte Richard Lenoir, un ouvrage souterrain et interdit au public. Construite entre 1860 et 1862 elle totalise 1,7 km de longueur qui recouvre le canal Saint-Martin. Elle doit son existence à la percée du boulevard Voltaire qui relie la place de la république à celle de la nation et traverse pour cela le canal Saint-Martin. Un canal qui pose problème au préfet Haussmann, soucieux de contrôler les quartiers ouvriers de l'est de la ville. Le canal de Saint-Martin coupe Paris de part en part, c'est difficile de le faire traverser. Pour faire passer sa nouvelle artère au-dessus de cette voie d'eau, Haussmann renonce à construire un pont et décide de la recouvrir, il va créer ainsi de toutes pièces un nouvel axe : le boulevard Richard Lenoir.

Le résultat : un point de passage multiple qui permettra à la troupe de circuler facilement dans les quartiers ouvriers de l'est en cas d'insurrection, pour cela les ouvriers vont abaisser de 5 mètres le niveau du canal avant de le recouvrir d'une gigantesque voûte en pierre meulière sur une longueur de 1,7 km. Un ouvrage de génie civil, massif, qui associe les ouvriers de Paris à leur propre mise sous contrôle. C'est des milliers d'ouvriers qui travaillent avec des accidents souvent très grave, 10 mètres au-dessus du fond du canal de  il y a des chutes, des blessures au moment de la manipulation les pierres et autres. Pour faire de Paris la capitale bourgeoise du baron, les ouvriers paient le prix fort. Les plus pauvres font figure de véritables laissés pour compte des grands travaux.

En 1868 Emile Zola écrit « Ce n'est pas pour eux qu’on assainit la ville chaque nouveau boulevard qu'on perce les rejette en plus grand nombre dans les faubourgs ». Cette réalité Haussmann l’assume dans une lettre écrite à l'empereur « je n’ai nul besoin que Paris renferme des manufactures et des ateliers il faut donc non seulement poursuivre mais hâter l'accomplissement des grands travaux, pour défendre Paris contre l'invasion croissante des ouvriers de la province".

La création du deuxième réseau marque le triomphe de l'immeuble haussmannien qui s'impose partout dans la capitale en particulier dans les beaux quartiers de l'ouest, mais tous ces habitants ne sont pas logés à la même enseigne, si les bourgeois occupent les étages principaux, les domestiques s'entassent sous les combles dans les chambres de bonnes.

Le 19e siècle c'est une époque qui est vouée toute entière au progrès, mais pas pour tous. Tel fut le prix à payer pour faire du nouveau Paris l'une des plus belles villes du monde. Alors que les 26 km de travaux du deuxième réseau s'achèvent à la fin des années 1860, Haussmann est inarrêtable pour achever sa nouvelle ville il prévoit la création d'un troisième réseau d'artères il ne sera achevé qu'en 1926.

La santé de la ville de Paris 

Les Buttes-Chaumont - Adolphe Alphand

Pour que cette nouvelle ville respire, Haussmann va lui donner des poumons, partout à Paris des buttes-Chaumont au bois de Boulogne, de gigantesques parcs et de nombreux squares vont fleurir pendant le second empire. A l'instar de la capitale que napoléon III a pris en modèle Londres, des cascades, des lacs artificiels, des jardins fastueux ouverts à tous vont transformer la capitale. Napoléon III à une réelle passion pour les jardins depuis son enfance, il y a même un témoin de l'époque qui dit que s’il n'était pas devenu empereur il l’aurait bien embauché comme paysagiste. Pour l'empereur, ces espaces verdoyants jouent un rôle crucial dans la ville. Il considère que la multiplication des espaces verts dans une ville est un outil contre la rébellion des comportements déviants.

Haussmann confie la réalisation de ces espaces verdoyants parcs et squares à un ingénieur des ponts et chaussées Adolphe Alphand. C'est lui qui devra superviser à partir de 1864 un chantier hors du commun à l'orée de la ville, le plus grand espace vert à l'intérieur des murs de la capitale le parc des buttes-Chaumont, 25 hectares d'un univers unique à Paris qui devront voir le jour sur l'un des sites les plus accidenté et sordide de la capitale.

Au moyen âge il abritait le tristement célèbre gibet de Montfaucon où les dépouilles des condamnés étaient exhibées, depuis, son blason est loin de s'être redorer. Il y avait également la voirie, l'un des endroits où on épandait tous les excréments des habitants de Paris et la nuit, tous les miséreux de la capitale venaient se réfugier dans les carrières pour y dormir. et c'était un endroit qui grouillait de rats. Ces carrières infestées de rats rendent le site inconstructible, Haussmann veut néanmoins urbaniser le secteur qui l'entoure et il a besoin d'un appât afin d'attirer les promoteurs il va donc profiter du lieu pour y aménager un parc hors du commun.

L'idée c'est de construire un parc comme on n'en a jamais vu grâce au fait que c'est un paysage que l'on peut totalement inventé parce qu'il n'y a pas de plantation, parce qu'il faut amener la terre végétale, on peut donc imaginer une scène à 360°.

Face à ce relief accidenté, Alphand va faire de nécessité vertu, il veut créer en plein Paris un véritable petit bout de Suisse destination alors particulièrement en vogue. Pour cela Alphand va devoir en stabiliser le sol, le relief, en comblant les carrières avec toutes sortes de matériaux. Le parc des Buttes-Chaumont a une utilité tout à fait particulière dans chantiers haussmanniens c'est qu'il recueille tous les déblais des chantiers. Un travail titanesque réalisé à bras d'homme par plusieurs centaines d'ouvriers aidés par l'installation d'un chemin de fer, au total ce sont plus de 1 million de mètres cubes de terre végétale qui vont être acheminés sur ce chantier, grâce à cette quantité phénoménale de matières, Alphand on va pouvoir créer un relief artificiel avec une île centrale et 7 buttes qui donneront leur nom au parc.

Mais ces reliefs peu naturels menacent à tout moment de s'effondrer. Ces effondrements pourraient mettre en péril le parc et avec lui, le développement de tout un quartier. Alphand et ses ingénieurs doivent trouver une solution, ils vont intégrer au buttes des éperons en béton de gigantesque escalier de plusieurs tonnes qui permettent de tasser et de retenir la terre végétale.

Aux buttes Chaumont tout est artificiel, technique, à l'image de cette fausse roche en chaux et en ciment armé qui transparaît encore aujourd'hui ou encore de sa cascade de 32 mètres de hauteur créée de toutes pièces pour donner l'illusion d'un paysage authentique. Les buttes Chaumont nécessitaient les plus importants travaux de terrassement des parcs de Paris, trois ans de chantier entre 1864 et 1867. Elle demeure aujourd'hui l'un des espaces verts les plus appréciés des parisiens.

 

La source d'Armentières

De grandes artères, de l'air, des poumons, Haussmann soigne Paris dans sa totalité mais il doit aussi l'abreuver. Dans l'Yonne à 150 km de Paris, les grands travaux d’Haussmann dissimulent un vestige rare. Un ouvrage souterrain construit au début des années 1870 et toujours fonctionnel cent cinquante ans après sa mise en service.

Il allait enfin apporter une eau pure aux parisiens. Cette infrastructure c'est la source d’Armentières, 500 mètres de galeries souterraines percées au cœur d'un massif qui fournissent à la capitale près de trente mille mètres cubes d'eau par jour soit près de 10% de l'eau consommée par les Parisiens depuis le 19e siècle.

Cette eau enfin accessible est l'une des plus grandes réussites d'Haussmann, pour l'acheminer à Paris son ingénieur Eugène Belgrand va déclencher la construction d'un aqueduc colossal long de plus de 150 km. Avec ses machines élévatoires, ses ponts et ses siphons pour franchir des vallées. Les ingénieurs sur le terrain qui poussent les tracés et qui s'assurent des pentes, une masse humaine fantastique qui va faire un travail colossal pour pouvoir creuser, échafauder, toutes ces personnes vont permettre de bâtir ces ouvrages qui sont aujourd'hui complètement pérenne et que l'on léguera aux générations futures. Le point d'orgue de ce chantier sera la construction du réservoir de Montsouris sur les hauteurs sud de Paris. Avec une surface de 3 hectares ce colosse dispose d'une capacité maximale d'un milliard de litres. Il demeure une infrastructure capitale pour Paris et témoigne de la durabilité de la ville construite par le baron Haussmann, à l'image de ces immeubles toujours debout aujourd'hui, ou encore de ses 380 km d'égouts qui ont permis d'assainir la ville.

Efficace et visionnaire, le baron fut autant un destructeur que celui qui a donné à la capitale son identité aux yeux du monde entier. Les colossaux travaux d’Haussmann ont fait de Paris la ville lumière malgré leur côté obscur.